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Diffusion et destinataires de la recherche : trois focalisations complémentaires pour cerner les enjeux de la recherche en didactique
Par Sylvie PLANE
Publication en ligne le 17 septembre 2018
Table des matières
Texte intégral
1Les trois communications proposées dans cet atelier présentent une complémentarité d’autant plus remarquable que, sans se concerter, les trois auteurs ont adopté des focalisations différentes pour décrire ce qu’est ou ce que devrait être la diffusion des recherches en didactique et définir leurs destinataires. Tout se passe comme si Olivier Dezutter, Jean-Pascal Simon et Catherine Tauveron nous avaient fourni des plans filmés d’un objet commun, mais observé depuis des lieux et des positions variés, nous procurant ainsi les matériaux pour recomposer une image en relief de la recherche en didactique du français.
2Olivier Dezutter nous présente une vision panoramique de la recherche en didactique. Pour donner cette vue d’ensemble, il s’appuie à la fois sur son expérience actuelle de chercheur et de formateur à l’université catholique de Louvain, mais aussi sur celle qu’il a acquise en tant qu’enseignant du secondaire. Cette triple expérience lui permet de dresser un ample état de la situation en s’intéressant aux lieux, aux partenaires et aux médiums de la recherche. On notera à l’occasion que le choix qu’il a fait de présenter les spécificités de l’organisation curriculaire belge fait apparaitre en retour certaines spécificités françaises et permet notamment de mettre en évidence l’importance de l’enseignement public, fait institutionnel et culturel notable dans le système français, mais qui a fini par être naturalisé sous l’effet de l’ethnocentrisme ordinaire auquel nul ne peut prétendre échapper. Si Olivier Dezutter met à profit son expérience d’acteur du système de formation, il s’en dégage néanmoins pour adopter une position distanciée, afin d’essayer d’analyser le système qui relie la production à la diffusion et à l’utilisation de la recherche.
3Jean-Pascal Simon, quant à lui, nous présente un plan américain de la recherche, focalisé sur un lieu, la formation et ses partenaires. Il adopte un double point de vue, celui de chercheur et de formateur à l’Institut universitaire de formation des maitres de Grenoble. Il ne se contente pas de dresser un état des lieux mais engage un questionnement sur le dispositif de formation des enseignants et plus encore sur le mémoire professionnel, questionnement marqué par une certaine méfiance, voire par de la désillusion. En effet, le mémoire professionnel lui apparait non seulement comme un outil de formation, mais aussi comme un révélateur des acquis, et surtout des problèmes de la formation des maitres. Ainsi, adoptant une position relativement proche, mais marquée par des contextes institutionnels différents, Olivier Dezutter et Jean-Pascal Simon posent l’un et l’autre la question du métier de chercheur-formateur et s’interrogent sur la mission des lieux de formation.
4De son côté, Catherine Tauveron propose un plan rapproché, focalisé sur la revue Repères, revue de didactique du français langue maternelle publiée par l’Institut national de recherche pédagogique, consacrée à la diffusion des recherches concernant l’enseignement primaire, et dont elle est le rédacteur en chef. Le point de vue qu’elle adopte est celui, bien sûr, du responsable d’une revue, mais aussi celui d’un chercheur qui fait part de ses interrogations. Elle a donc choisi de centrer son observation sur un médium particulier de la recherche, et d’en examiner les destinataires et les objets. Ses propos témoignent de sa vigilance, et même d’un questionnement qui l’a fait s’interroger sur la manière dont la revue Repères remplit sa mission.
5Ainsi, à travers trois focalisations différentes, se trouvent abordées trois questions qui traversent les communications présentées dans cet atelier :
6• quels sont les destinataires, les bénéficiaires et les acteurs des recherches en didactique ?
7• de quels objets ou produits de la recherche doit-on privilégier la diffusion eu égard aux finalités de la recherche en didactique ?
8• par quelle(s) médiation(s) passe la diffusion de la recherche ?
1. acteurs, destinataires et bénéficiaires de la recherche en didactique
9Les trois communications s’accordent sur l’existence de tensions entre les différents acteurs concernés à un titre ou un autre par la recherche. Olivier Dezutter signale les fossés qui séparent l’univers des enseignants, l’univers des formateurs et celui des chercheurs. Jean-Pascal Simon fait un constat du même ordre pour s’intéresser plus particulièrement aux conséquences qui en résultent pour les enseignants en formation. En effet, ceux-ci sont soumis à des discours concurrents, le discours du terrain, et celui de la formation, qui leur imposent des exigences et des modèles différents. Le même clivage se retrouve, mais transposé sur un autre plan, à propos de la diffusion de la recherche par les revues, comme le montre Catherine Tauveron. Elle met l’accent sur le paradoxe que rencontre la diffusion de la recherche : une revue de diffusion de la recherche doit obéir à des exigences de scientificité, qui ne manquent pas d’affecter la lisibilité de la revue, et ont pour conséquence d’en limiter le lectorat, ce qui, en retour, contrevient à sa vocation de diffuser la recherche.
10Cependant, au-delà de cet accord sur l’existence de tensions qui traversent le système étudié, les trois communications ne configurent pas le paysage de la recherche exactement de la même façon, dans la mesure où elles ne placent pas les frontières de la recherche aux mêmes endroits, révélant ainsi des conceptions plus ou moins étagées de la recherche et de sa diffusion.
1.1 Des positions différentes sur l’engagement et les acteurs de la recherche
11La légitimité de l’engagement des formateurs dans la recherche ne pose aucun problème. Au contraire, comme le dit Olivier Dezutter, en se référant à Michel Dabène, il est souhaitable qu’à tout le moins les formateurs soient impliqués dans une dynamique de recherche. Catherine Tauveron va plus loin en montrant comment les recherches publiées par Repères entretiennent des liens serrés avec la formation, et en sont même souvent issues.
12En ce qui concerne l’engagement éventuel des formés dans la recherche, les positions sont loin d’être unanimes. Pour Olivier Dezutter, qui se place sous l’autorité de Philippe Perrenoud, l’engagement dans la recherche apparait comme le moyen d’induire chez les formés un mode actif de rapport au savoir. Plus nuancée, Catherine Tauveron ne parle pas d’engagement des formés dans la recherche, mais souligne le fait que la revue contribue à la formation des professeurs stagiaires par la recherche en constituant un médium qui les met en contact avec la recherche en train de se faire. Jean-Pascal Simon se montre plus circonspect encore, attestant ainsi d’une évolution par rapport à des positions qu’il avait défendues il y a quelques années de cela. En effet, comme il le rappelle, les futurs enseignants sont dans les instituts pour se former au métier d’enseignant, non pour devenir des chercheurs en didactique. Et même s’il est vrai que faire de la recherche en didactique développe des compétences professionnelles, il ne faut pas oublier que la mission première de la formation n’est pas de conduire les étudiants vers la réalisation de travaux de thèse, mais de les rendre plus compétents professionnellement.
1.2 La constitution d’une chaine de destinataires
13Se pose alors la question des destinataires de la recherche. Olivier Dezutter et Catherine Tauveron désignent en premier lieu les enseignants. Olivier Dezutter rappelle à cette occasion que la diffusion de la recherche fait partie des missions de l’enseignant-chercheur. Catherine Tauveron, examinant le lectorat de Repères, et plus précisément le poids des abonnés institutionnels, signale que les recherches diffusées par la revue sont mises à disposition de maitres polyvalents, et donc, pour la plupart peu familiarisés avec les contenus mêmes de la discipline. Mais qui est donc le destinataire en bout de chaine de la recherche en didactique, les enseignants ou les élèves ? Si les enseignants sont désignés comme destinataires de la recherche, ce sont les élèves qui en apparaissent comme les bénéficiaires, notamment parce qu’ils tireront profit de l’amélioration des compétences des enseignants, qui est l’une des visées de la recherche. Jean-Pascal Simon, de son côté, envisage cette chaine de destinataires d’une autre façon, à partir des contenus. En effet, si pour lui, il va de soi que les savoirs théoriques des maitres ne sont pas partageables avec les élèves, car les maitres doivent bien évidemment en savoir plus que leurs élèves, il se demande si des concepts didactiques ne pourraient pas être partagés avec des élèves. Il reste alors à définir ce qu’il entend par concept didactique et à examiner quel profit les élèves pourraient tirer de cette connaissance partagée.
2. la sélection des recherches à diffuser : critères et enjeux
14Parlons-nous tous de la même chose lorsque nous parlons de recherche en didactique ? Qu’est-ce qui fait qu’on appellera telle action recherche ou non ? Qu’est-ce qui légitime la diffusion de la recherche ? Le débat entre les trois communicants s’articule autour de la question des critères et des choix à opérer.
2.1 Quels critères se donner pour sélectionner les recherches à diffuser ?
15Trois types de critères permettant de sélectionner les recherches à diffuser sont mentionnés. Catherine Tauveron et Jean-Pascal Simon mettent en avant des critères d’ordre pragmatique : doivent être diffusées en priorité des recherches qui favorisent le développement des compétences professionnelles des enseignants, ou plus précisément comme le dit Catherine Tauveron, des recherches qui visent la transformation conceptualisée et rationalisée des pratiques. Jean-Pascal Simon distingue à ce sujet deux grands types de visées pour ces recherches, selon qu’elles s’attachent à l’amélioration des gestes professionnels — en situation ou hors situation — ou qu’elles permettent de prendre du recul sur le métier. À cette première catégorie de critères, Catherine Tauveron ajoute des critères d’ordre politique et des critères d’ordre épistémologique. Politique, parce que la revue dont elle a la charge est une revue de l’inrp, et qu’à ce titre elle se doit, sur le plan institutionnel, d’accueillir les recherches de l’inrp ; mais elle a également pour mission de diffuser des travaux issus d’autres lieux de recherche, afin de mieux rendre compte de la diversité des traitements d’une même question. Épistémologique, parce que les recherches publiées par la revue Repères sont sélectionnées selon des principes établis par Hélène Romian qui a toujours pris soin que la revue n’accueille que des recherches satisfaisant les quatre conditions suivantes : elles doivent afficher leurs règles de production et d’interprétation des résultats, être pluri-référencées, articuler et problématiser la réflexion sur les savoirs savants, la démarche du maitre et l’activité des élèves, et enfin s’intéresser à l’élève en tant que sujet épistémique.
2. 2 De quels types de recherche doit-on privilégier la diffusion ?
16Une fois clarifiée la question des critères, il reste à choisir parmi les recherches satisfaisant les conditions énoncées à décider quelles sont celles dont la diffusion doit être privilégiée. Deux caractéristiques sont retenues : on sélectionnera les recherches dans lesquelles des formateurs sont impliqués, et/ou qui traitent d’objets dont la connaissance est utile. Reste bien entendu à définir ce qu’on entend par utile. Olivier Dezutter met l’accent sur la nécessité de diffuser des recherches portant sur l’observation des pratiques de classe et sur les capacités des élèves dans les différents domaines de l’enseignement du français. Jean-Pascal Simon et Catherine Tauveron mettent plutôt en avant les champs dans lesquels s’inscrivent ces recherches. Pour Jean-Pascal Simon, les recherches concernant les processus langagiers sont directement utiles parce qu’elles fournissent les éléments permettant le contrôle de l’activité langagière. Pour Catherine Tauveron, il importe de se préoccuper de l’équilibre des disciplines contributoires sollicitées dans les recherches en didactique. Elle signale que dans Repères les recherches référées à la psycholinguistique et à la psychologie cognitive sont sur-représentées, alors que celles relevant de la linguistique sont insuffisamment présentes. Et poursuivant l’examen critique de la revue dont elle a la charge, elle regrette que celle-ci n’assure pas assez la didactisation des contenus disciplinaires, notant qu’en dix-neuf numéros, la revue n’a publié que deux articles assurant cette fonction, l’un rédigé par un des membres de son équipe de recherche, l’autre par elle-même.
3. Médiations, vecteurs et diffusion de la recherche
17Le troisième thème commun abordé dans ces communications est celui de la diffusion des recherches en didactique. Cette diffusion est abordée sous deux angles, celui de la médiation qui permet l’appropriation de l’information produite par la recherche, et celui des vecteurs qui transmettent cette information.
3.1 Médiation et médiateurs
18La nécessité d’une médiation qui faciliterait l’accès aux produits issus de la recherche est soulignée dans les trois interventions. Il y a là un paradoxe — mais qui n’est sans doute pas propre aux recherches en didactique — qui fait que les recherches ne sont pas directement accessibles aux destinataires à qui elles s’adressent. Ainsi Catherine Tauveron observe que la lecture de la revue Repères requiert la médiation d’un formateur. Mais des constats pessimistes amènent à penser que cette médiation, quoique nécessaire, n’est pas assurée ou du moins pas suffisamment assurée. En effet, Olivier Dezutter, se fondant sur une enquête de l’inrp, rappelle que les chercheurs n’ont d’autres lecteurs que les chercheurs eux-mêmes, les enseignants étant plus attirés par la lecture d’ouvrages ou d’articles destinés à leur fournir une aide pédagogique directement utilisable. Et même dans le cas où il y a lecture des travaux de recherche, le problème reste entier, comme le souligne Jean-Pascal Simon qui déplore que, dans les mémoires professionnels des stagiaires des iufm, les notions issues de la recherche soient certes citées, mais pas réellement comprises. Il manque donc en fait deux médiations : d’une part, la médiation humaine qui faciliterait l’accès aux textes issus de la recherche, c’est-à-dire la médiation opérée par les formateurs, qui existe mais n’est pas pleinement et partout assurée ; et d’autre part, la transposition des concepts didactiques, pour lesquels selon Jean-Pascal Simon il faudrait une transposition analogue à celle qui est faite pour les savoirs de référence auxquels s’intéresse la didactique.
3.2 Modes de diffusion et vecteurs de la recherche
19C’est Olivier Dezutter qui, parmi les trois communicants s’intéresse le plus à la question des vecteurs de la recherche. Il oppose deux modes de diffusion de la recherche : l’une qu’il appelle la voie directe, qui a pour vecteur les ouvrages, et l’autre, la voie indirecte, qui passe par la formation initiale ou continue. Entre ces deux voies, existe selon lui une forme mixte, celle des manuels. Le panorama éditorial belge qu’il configure comporte une pluralité de revues réparties entre trois grands secteurs, celui de la didactique du français proprement dite, celui des sciences de l’éducation, et celui de l’enseignement primaire qui constitue un secteur à part. Alors qu’en France, comme le note Catherine Tauveron, la complémentarité s’effectue en termes de degré d’enseignement, Repères s’intéressant au premier degré, tandis que Pratiques couvre le second degré. Quant à la formation, si elle est considérée par Jean-Pascal Simon et par Olivier Dezutter comme l’occasion d’une confrontation avec la recherche, elle ne peut assurer que ce contact avec la recherche aura un effet sur les pratiques. Pourtant, différentes mesures sont prises pour favoriser cette dynamique de recherche, telles que l’élaboration d’un mémoire professionnel en France, ou la tenue de séminaires d’initiation à la recherche en formation initiale en Belgique. En outre, le fait que des travaux d’étudiants soient enregistrés et conservés sur fichiers informatisés parait une piste prometteuse à Olivier Dezutter, car cela permet de disposer de travaux non destinés à la publication et d’observer des tendances.
4. Des pistes de recherche convergentes et des questions qui restent entières
20Les convergences manifestes qui se dégagent à partir de regards posés depuis des lieux différents sur la recherche amènent à se poser cinq questions qui alimentent le débat, et fournissent des thèmes de réflexion pour la discussion, et pour certaines d’entre elles, pour d’autres rencontres à venir :
21— Il a été question de concepts didactiques, en particulier dans l’intervention de Jean-Pascal Simon. Qu’est-ce qu’un concept didactique ? Y a-t-il des concepts didactiques propres à la didactique du français ? En quoi sont-ils didactiques ? Ces questions, pour frustres qu’elles puissent paraitre à première vue, sont au cœur du thème de ces journées d’étude alors qu’on les a admises comme des présupposés hors du thème du débat.
22— Deux thèmes récurrents, explicitement convoqués dans les propos de Catherine Tauveron, ont traversé les interventions, celui de l’émergence d’une méta-didactique et celui de la nécessité d’une didactique de la formation, avec parfois des recouvrements partiels entre les deux. Ce sont là des thèmes qui avaient été abordés déjà lors d’autres journées d’étude, mais dont le retour indique qu’ils appellent de nouveau une réflexion collective. Il conviendrait notamment qu’on s’interroge sur les deux risques opposés que signale le retour insistant de ces questions, avec d’un côté la mise en évidence du décalage — ressenti comme un fait ou comme une menace — entre les principes didactiques qu’on enseigne et ceux qu’on met en œuvre dans l’enseignement de ces principes (je parle ici à dessein de principes et non de concepts, car c’est sans doute à ce niveau que se situent les difficultés identifiées) ; et d’un autre côté, la tendance insistante au nombrilisme, tendance qui n’est pas propre à notre communauté, mais qui risque de nous éloigner de notre objet et de nous faire perdre de vue les finalités de notre action.
23— À quels maitres sont destinées les recherches en didactique ? Vu les difficultés d’accès aux recherches qui ont été signalées dans les communications, vu la nécessité d’une médiation pour s’approprier les résultats de recherches, il apparait que peu de maitres pourront être touchés par les recherches : seuls les enseignants déjà bien informés, ou soucieux de formation, ou engagés dans un processus volontariste d’auto-formation constituent les destinataires réels des recherches, et celles-ci deviennent élitistes de fait, même si les principes qui les régissent s’affichent comme opposés à tout élitisme.
24— Les réserves formulées plus haut amènent à se demander si les recherches en didactique ne devraient pas prévoir dans leur propre projet génératif, la diffusion, l’usage et même le détournement de leurs résultats ; le détournement ne devant pas nécessairement être perçu comme négatif : d’une part, il n’y a pas de propriété des résultats de la recherche, car elle est faite pour produire du savoir et le mettre à disposition de la communauté ; d’autre part, les divergences et l’irrespect des principes peuvent être féconds. Néanmoins, si nous savons tous qu’il nous faut veiller à ne pas nous instaurer comme les gardiens du temple de la didactique, pour les deux raisons que je viens d’évoquer, et tolérer les déviations, nous avons tous en mémoire des cas notoires de détournements de produits de la recherche qui ont fait que ceux-ci ont été employés pour servir des finalités strictement opposées à celles qui avaient motivé les recherches dont ils sont issus.
25— Enfin, dernière question, mais sans doute la plus profonde, les recherches en didactique obéissent-elles à des finalités intrinsèques ou à des finalités extrinsèques ? Cela revient à s’interroger en des termes plus triviaux sur l’utilité de la recherche en didactique. Pour certains, notamment pour Joaquim Dolz, si la didactique doit être orientée vers des finalités extrinsèques visibles — en gros, la didactique doit fournir les moyens d’améliorer les compétences des élèves —, en revanche, la recherche en didactique n’a pas à être réglée par les finalités de son objet. Pour d’autres, la recherche en didactique ne se justifie que si elle a pour visée ultime de faire progresser la didactique, ce qui présuppose qu’elle prenne en charge les visées de la didactique elle-même. Il s’agit d’un thème de débat au cœur de la réflexion épistémologique que nous menons dans ces journées d’étude, et dont nous ne ferons sans doute pas le tour.